jeudi 7 mai 2020

Critique Ciné: Shin Gojira (2016)

Réalisé par Hideaki Anno et Shinji Higuchi en 2016, Shin Gojira est le 29ème film Japonais du Roi des Monstres, après une pause de 12 ans depuis le dernier long-métrage de la franchise: Godzilla: Final Wars.

Motivé par le succès du Godzilla de Gareth Edwards, ce nouveau long-métrage est un reboot de la franchise, celui-ci ne prenant en compte aucun autres films de la saga ; contrairement a Return of Godzilla de 1984 (critique ici), qui lui tenait plus du retcon.

Au large d'Haneda, un bateau de plaisance est repéré à la dérive, avec personne à son bord. Peu après, dans la baie de Tokyo, ce qui semble être une éruption sous marine occasionne des dégâts au tunnel Aqua-Line, provoquant son inondation. Une cellule de crise est immédiatement montée par le gouvernement Japonais pour enquêter sur la cause de cet accident.


Dans les vapeurs émanantes de l’éruption, une créature sous-marine est aperçue depuis les côtes. Plus tard, celle-ci émergera pour tout dévaster sur son passage, avant de replonger dans la baie de Tokyo. Elle reviendra enfin sous une forme beaucoup plus grande que les précédentes, cette fois-ci dans un seul but: détruire Tokyo.

Ce nouveau Godzilla détruit le mythe originel, pour le reconstruire et l'actualiser à notre contexte. Fini la métaphore d'Hiroshima vivante qu'il était en 54, Gojira est en 2016 l'incarnation d'une autre catastrophe nucléaire plus actuelle: l'accident de Fukushima. Il déconstruit également le mythe par son évolution, passant durant le film par 4, voir 5 formes si on compte les Godzilla humanoïdes à la fin ayant presque émergés de sa queue.

Ces évolutions sont durant tout le film, un pied de nez au gouvernement japonais. Quand le Premier Ministre s'exprime à son sujet lorsque Godzilla remonte la rivière Nomi, celui-ci estime qu’étant donné qu'il s'agit d'une créature ayant vécu la majeure partie de sa vie dans l'eau, celle-ci ne pourrait pas survivre sur la terre ferme. Sauf qu'après son joli discours, le Premier Ministre est informé que Godzilla est arrivé a Kamata, créant la panique sur son passage. Ses mutations ne sont pas gratuites, et prouvent la capacité de Godzilla à s'adapter quand il en a besoin ; face à un gouvernement ne sachant pas le faire lui-même.

(Alors? Qui c'est qui ne peut pas marcher?)

Le film est une critique du gouvernement Japonais, avec un Premier ministre désemparé devant la situation, ne sachant pas prendre les décisions justes au moment où elles sont nécessaires ; comme lorsque Godzilla marche vers Tokyo, et que l'armée ne peux pas faire feu à cause de deux passants, manquant par la même une chance de vaincre un Godzilla encore "juvénile". Il critique également sa complexité d'action, chaque décision, même pour une simple conférence de presse, étant choisi après une réunion, et ceux malgré l'urgence de la situation.

En opposition à ce gouvernement de "vieux", où une information passe parfois jusqu'à 5 personnes différentes avant d'atteindre le Premier Ministre ; il y a l'équipe monté par le personnage de Rando Yaguchi, suite à la perte total du cabinet du ministre, ainsi que le Premier ministre. Une équipe qui est quant à elle plus jeune, et surtout plus rapide pour prendre des décisions, avec une hiérarchie horizontal à l'inverse de la pyramide de l'ancien gouvernement.


Coté SFX, il faut dire que pour un si petit budget (15 millions de $) le film s'en sort très bien, avec des plans assez convaincants mélangeant CGI, cascadeur en costume, prise de vue réelle et miniature. La mise en scène d'Anno est très efficace, que ce soit pour montrer la lenteur et la complexité du système politique Japonais (encore une fois), mais aussi lorsqu'il s'agit de simuler la panique et les passants fuyants face à un Godzilla monstrueux. Les scènes les plus marquantes sont néanmoins celle où apparaît Godzilla, et surtout quand les Forces de Défenses Japonaise tentent vainement de vaincre le kaiju.


Pour la bande-son, Shiro Sagisu, également compositeur de Neon Genesis Evangelion, y fait un travail remarquable, avec des musiques originales marquantes (par exemple: Persecution of the Masses, Who Will Know), mais aussi des reprises, dont une venant tout droit de Evangelion (Organization Formation), ainsi que des titres plus classiques comme le thème de Godzilla. Ces morceaux accompagnent parfaitement le long-métrage, rendant chaque scène d'action ou d’apparition du kaiju intense, comme celle où le kaiju détruit Tokyo.

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